Management - Mai 2003

Le face-à-face franco-américain

« Bush émissaire », n'hésitent pas à dire certains. Quel que soit le camp, l'heure n'est pas à la nuance. Raison de plus pour tenter de prendre du champ. Surtout pour nous, Français, aux rapports si ambigus avec la surperpuissance. Si les attentats du 11 septembre 2001 ont permis aux tendances dures d'imposer leurs vues, Washington est tout sauf monolithique ou partagé entre faucons et colombes, soulignent d'une même voix les universitaires des deux côtés de l'Atlantique. En réalité, le débat fait rage entre de nombreux courants de pensées, des néo-impérialistes aux multilatéralistes en passant par les isolationnistes ou les néo-conservateurs. Nous méconnaissons ce paysage intellectuel et ce bouillonnement d'idées dont, pourtant, dépend notre avenir. Peut-être parce qu'il nous est plus facile de cultiver notre identité et une aspiration à l'universalité, que partagent aussi les Américains. « Notre génie séculaire n'est pas voué à une inexorable dilution du fait de leur influence », nous rassure Pascal Baudry dans un second ouvrage. A condition de savoir distinguer nos canons culturels à préserver de ceux qui doivent évoluer. Psychanalyste, dirigeant d'entreprise dans les deux pays, mari d'une Américaine et père d'enfants élevés là-bas, il nous tend un miroir sans complaisance sur notre vraie différence. Et ses ressorts possibles.